Je mets ce texte sur le forum à la place de Marie-Pierre DIZAY qui, malgré un stage de 5 mois à Silicon-Valley, des nuits entières à tenter de rentrer son code, la monopolisation durant plusieurs jours des sommités les plus compétentes, malgré le courrier des lecteurs de "femme actuelle" .... N 'a jamais pu rouvrir son espace. C'est un mystère à côté duquel, le trésor des templiers passe pour une partie de corde à sauter.
Nous recherchons des témoignages pour faire une soirée "lamentation".
« Le panier de crabes »
Ahhhhhhhhhhhhhla Normandieeeeeee!!!!!, le mont saint-michellllllllll, les grandes plages de sable fin, les marées et les bonnes parties de pêche!!!!!
Chaque été, je passais mes vacances chez ma grand-mère, saoulée par les odeurs d'iode et de cidre fermier. Enfin, pour le cidre, il n'y avait pas que l'odeur a humer....
Chaque retour sur Toulon était ponctué de rituels sacrés : voiture chargée de victuailles en tout genre : jambon fumé, beurre salé, pommes acidulées du jardin de ma grand-mère, le litre de calvas bien caché pour déjouer la volante : la police de la route. Pour le cidre bouché fermier, mon père s'abstenait désormais : l'année passée les bouchons de six bouteilles de ce champagne normand, avaient sautés dans le coffre de notre automobile...surprise à l'arrivée à Toulon!!!
Cette année, changement de programme, j'étais venue seule en train. Au moment de partir, ma grand-mère ne voulut rien savoir : c'était sacré et incontournable : il FALLAIT que je rapporte quelque chose à la famille, c'était mon DEVOIR!
Ma grand-mère avait choisi, cette fois des crustacés.
-" et puis ne t'inquiète pas, ma chérie, ils seront cuits....!"
Et elle me prépara 10 kg de tourteaux et araignées de mer dans un superbe sac poubelle.....!!
-"mais je change de gare à Paris, je n'y arriverai pas seule!!!" avançais-je légèrement inquiète et dubitative.
-" rassure-toi, j'ai tout prévu, ton frère t'aidera, je lui ai téléphoné!"
Bon, c'était décidé l'aïeule avait parlé!
Mon oncle m'accompagna à la gare, déposa le précieux sac dans le compartiment sous les yeux interrogatifs et surpris des autres voyageurs.
Le trajet Granville-Paris se déroula sans encombre, mais l'arrivée à Saint Lazarre se corsa légèrement.
Mon frère avait du retard. Il fallu me débrouiller seule avec ma valise et le grand sac d'où les pinces des crabes commençaient à trouer le plastique......Tel le petit poucet, je parsemai sur le quai, un filet de liquide noirâtre.
Heureusement, mon sauveur de frère arriva et prit, enfin, essaya de prendre les choses en main. Il chargea précipitamment le grand sac sur un chariot.
Nous devions courir maintenant car ma correspondance à la gare de Lyon était dans une heure.
Nous entamèrent donc un marathon qui se stoppa net par un vilain tour des roues de notre chariot, ce qui le renversa en envoyant les crabes faire un tour sur la voie ferrée.
Plus grand et plus agile que moi, mon frère descendit sur les rails. Je l'aidais à sortir le sac dégoulinant dont des antennes et des pinces sortaient maintenant de plus en plus.
Au moment d'aider mon frère, je fus prise d'un fou rire face à ce tableau atypique et surprenant que nous devions présenter aux passants ahuris. Et plus je riais, plus il s'énervait, plus son visage devenait rouge, plus je me tordais de rire sur ce quai bondé de monde.
Puis, forcée par l'urgence de sa sécurité, je lui tendis enfin ma main pour l'extirper des voies.
Nous arrivâmes, lui, moi et les crabes, sains et saufs....(enfin, presque....!)à l'heure pour ma correspondance pour le train de nuit.
Mes compagnons de voyage furent ravis et soulagés, le lendemain matin, de me voir descendre à Toulon. La nuit fut longue pour tous, dans cet espace confiné avec les odeurs sympathiques du sac que j'avais désespérément, mais inutilement caché sous ma couchette.
Ahhhhhhhhma grand-mère, quelle femme formidable.......et inoubliable!!!!!
Marie-Pierre DIZAY