Une cloche sonne,sonne...

Une cloche sonne,sonne....

Un cheval de trait noir, haut sur pattes, avec une longue queue de cheval tire un corbillard.

Le cheval a de grandes oreilles recouvertes d'une bonnette.

Sous son arrière train un panier dont la fonction est de recueillir le crottin.

Un homme marche à coté du cheval qu'il tient par les rennes, il porte une casquette et un vêtement de croque-mort.Son visage a une attitude sévère qui convient à sa fonction.

Il pleut c'est l'automne le sol est jonché de feuilles mortes, ça et là quelques flaques d'eau jalonnent le chemin qui est très boueux.

les cieux sont déchaînés, le tonnerre gronde

Sur le corbillard un cercueil en bois de chêne avec des couronnes de fleurs portant des inscriptions :

à notre Président de la société des auteurs

à notre regretté confrère

à notre regretté maire de Montcuq pendant 40 ans

Le cortège suit, c'est un cortège de parapluies, il pleut des cordes si bien que sur les visages on ne distingue pas si ce sont des pleurs ou de la pluie, sans doute les deux.

En tête du cortège un curé Africain suivi d'une veuve avec un treillis noir sur la tête.

Suit un chien noir, un labrador, qui a les yeux humides et l'air de circonstance.

Ce cortège arrive au cimetière de Montcuq dont l'entrée est très étroite.Le corbillard doit s'y reprendre à deux fois.

Une cloche sonne, sonne....

Premier tunnel

La journée est superbe un ciel bleu azur, une chaleur sèche qui se devine sur les visages ruisselants,

on surplombe le cap Ferrat. On aperçoit quelques sillages de bateaux.

La petite église blanche est entourée de genets jaunes, on aperçoit la cloche qui s'agite, on l'entends.

Il l'attends sur le parvis de l'église, elle sort de la limousine, resplendissante dans sa robe de mariée avec sa capeline et un superbe bouquet de fleurs.

Son père qui a mis son grand uniforme d'officier la prend par le bras.Quelques retardataires arrivent d'un pas pressé, il prend le bras de sa mère qui s'est trouvé un chapeau de circonstance.Et les voilà qui entrent tout les quatre dans l'église qui est pleine à craquer.

Toute la famille et les amis sont là , il les dévisage, ému, il entend l'orgue qui entonne un air assez pompier, l'organiste vient de se taper un gueuleton, il est bourré.

Le marié est vraiment ému, ses yeux sont humides,il retient une larme et les voilà assis cote à cote devant le curé qui les accueille.Il porte une soutane simple et moderne un visage taillé à la serpe.

Les mâles accents d'un chœur d'homme entonnent un gospel, il voudrait chanter avec eux mais ce n'est pas possible, il écoute et regarde ses pieds.

L'église est pleine de fleurs, des œillets surtout.Il lui prend la main elle lui sourit, il perçoit son émotion,ce sera oui, il n'en doute pas un instant.

Une cloche sonne,sonne....

Deuxième tunnel

Les contractions ont duré toute la nuit mais elle ne se plaint pas, il observe son visage qui se contracte aussi, et prend sa main.

La sage-femme grommelle : » il faut faire attention c'est quelqu'un qui ne se plaint pas ».Au petit matin déménagement vers la salle, ascenseur, couloir, les portes se referment.

On lui mets les pieds dans les étriers,c'est parti, respirez comme un chien, comme je vous ai appris, c'est bien, tout va bien, poussez, plus fort, poussez, stop, respirez comme un chien...

on lui donne le masque à oxygène, lui n'en mène pas large, mais il comprend qu'il est utile, il serre les fesses par solidarité.Elle lui serre la main.

Et puis le dénouement arrive et l'engin sort du tunnel tout gluant de mucus.Il ne voit que ce cordon énorme on dirait un gros boudin de caoutchouc, il entend un énorme cri qui résonne dans la salle, on lui dit c'est une fille.

Allez hop à la douche, nettoyez moi tout ça.

Puis c'est le placenta qui sort, un truc énorme, qu'on dépose dans un plateau.

C'est fini tout va bien ouf !

C'est Dimanche matin, une cloche sonne, sonne...

Troisiéme tunnel

Il est couché sur son lit d’hôpital, il râle, sa respiration est atroce l'air ne rentre dans ses poumons qu'en faisant un bruit énorme..soudain sa respiration ralentit, ralentit son regard se fige, les mains déjà croisées sur sa poitrine...puis plus rien, il meurt...

il s'envole par la fenêtre le voilà au paradis, il sonne la cloche qui sonne, sonne, il attend... un barbu vient lui ouvrir c'est saint Pierre avec sa grosse clé.

Bonjour Saint Pierre je voudrait voir Dieu, comment est-il ce matin ?

Pas trop mal, c'est calme ces temps ci....je vais t’accompagner...

Il arrive devant Dieu tout habillé de blanc avec une crosse à la main, on dirait le pape...

Bon, j'ai vu ton dossier c'est pas mal tu as fait des études, tu as travaillé un peu partout, tu t'es marié, tu as aimé ta femme, tu as eu trois enfants superbes...tu aurais pu faire mieux avec tout le talent que je t'ai donné, mais ça ira...

et puis je vois que tu écris bien, c'est important l'écriture c'est mieux que le blabla...

Entre dans mon royaume qui n'a pas de fin, ton film lui est terminé il aura une palme d'or.

Ici tu seras libre, tu as l'éternité pour écrire.

La vie, la mort, et en prime l'espoir d'avoir le temps d'écrire. Un vrai luxe.
Le piège, sur un tel sujet, était d'éviter le pathos larmoyant, et j'aime cette pudeur à ne pas ennuyer avec ses "maux".

Evidemment la fin n'est pas satisfaisante, et tourne en dérision ce que pourrait être le Paradis...
mais ce n'est qu'une autodérision...car écrire, si l'on veut gagner sa vie avec ça, cela peut rapidement devenir infernal....
et en plus écrire pour des enfants, pour leur transmettre des valeurs fondamentales, ça devient une vraie galère...dans laquelle nous voilà embarqués....jusqu'au 15 juin ou nous serons libérés de ces chaines...

Définitions de tortionnaire :
nom : (latin médiéval tortionarius, de tortio, torture)
Personne qui torture pour arracher des aveux ou par pur sadisme.
 
Je suis content que tu aies avoué ...

Amitié. Franck

Encore 15 jours monsieur le bourreau et une dernière cigarette....
tiens voilà une valeur fondamentale à transmettre à des enfants: ne pas fumer parce que fumer tue, fumer donnes le cancer, fumer rends impuissant, fumer rends aveugle (DMLA 10 ans plus tôt) bon si c'est la dernière pourquoi pas mais la première, surtout pas, piège à con qui te rends addict en un mois
et pour la vie...
Donc si on peut éviter ça a des enfants ce sera pas mal, pour le reste c'est pas grave l'addiction au téléphone portable on peut en guérir mais la cigarette on peut pas c'est un contrat à perpète....

Je trouve ton texte destiné à la jeunesse, très pertinent. Certes rudimentaire dans son expression littéraire et peu ambitieux quant aux valeurs à transmettre, mais tellement vrai.
Cependant, je suis certain que tu pourrais faire mieux en ajoutant quelques critères tels que ne pas boire, rester chaste, ne pas jouer aux jeux d'argent, dire non à toutes les drogues, être toujours sérieux et honnête, rester courtois en toute occasion, respecter la discipline, aimer ses parents et peut-être, mais en dernier, prendre conscience de la société dans laquelle ils vont évoluer et dont aucun de ces critères ne sont respectés.
Que répond notre victime préférée ?

Je réponds volontiers que c'est en principe aux parents de transmettre des valeurs fondamentales aux enfants, ensuite on peut envisager le curé, le professeur, l'animateur, le patron...le policier, l'armée, la maison de redressement...toutes choses qui se délitent...
...à la vitesse à laquelle circule aujourd'hui l'information et les images (ce qui est un progrès).

Faut-il transmettre des valeurs fondamentales à des enfants par des écrits? J'avoue que cette question et celui qui la pose me torture.
Je vais chercher dans le livre de la paresse (qui fait partie de la boite à outil du tortionnaire) une réponse à ce supplice.

Si J.J. ROUSSEAU lisait ce message, il en tomberait à la renverse.
Question d'époque ou d'hommes ?

Rousseau, celui qui a abandonné ses cinq enfants!
Revenons à la famille valeur de base...la famille pour tous!!!et tout ira mieux, ou moins mal...

Justement, en tant que père de famille, ton message a-t-il été uniquement d'interdir la cigarette ?

En ce qui concerne ROUSSEAU, ce n'est pas si simple. Et comme dirait l'autre : ignorer le passé, c'est raccourcir l'avenir.

C'est une phrase de Julien Green que tu cites et que j'ignorais, la citation exacte est:
"ignorer le passé, c'est aussi raccourcir l'avenir"
évidemment il ne faut pas ignorer le passé.

En ce qui concerne la cigarette qui elle aussi raccourci l'avenir, je renonce a écrire un texte destiné à des enfants pour les dissuader de fumer. Toute interdiction ne peut qu'être néfaste.
Mes trois enfants ne fument pas je n'y suis pour rien, moi même je n'ai jamais fumé je n'y suis pour rien. La cigarette a tué mon père assez jeune comme beaucoup d'autres.
 Voilà un passé que je ne veux pas ignorer.
Amitié.André

Justement, tu tiens le bon bout. Aujourd'hui, en ce qui concerne les livres pour la jeunesse, ça ne se passe plus par de la morale au premier degré, telles les fables de La Fontaine, mais dans l'exemple à travers une histoire.
Combien de fois ai-je vu des pères, ou des mères, clope à la bouche, dire à leur enfant que la cigarette est nocive pour la santé.
Ça ne sert à rien car chez l'enfant, c'est l'exemple donné qui prime sur la parole(Ton exemple vis à vis de tes enfants, en quelques sortes).
Pour les histoires, c'est pareil. Suivant la valeur que tu veux transmettre, tu choisis une histoire qui la véhiculera, sans ostentation, seulement pour l'exemple. On est pas dans la démonstration, mais dans la proposition. On rend crédible une situation qui porte ces valeurs.
Il faut dire également, que la jeunesse est très sensible à l'humour, une des cordes que tu possèdes et qui devrait logiquement faire mouche.
Je suis certain que pour ce dernier texte, une fois tes a priori au placard, l'histoire défilera toute seule sous ton stylo.
Amitié. Franck

Je m'immisce dans votre conversation, elle est intéressante. Bien sûr, l'exemple est important mais je ne sais pas si l'on peut se mettre à la place d'un enfant ou d'un ado ? Ils sont déconcertants et je crois que pour beaucoup d'entre eux "ressembler aux pairs" (??) et "s'opposer aux siens" est l'essentiel quelqu'en soient les conséquences. Mon aîné a commencé a fumé à 16 ans alors qu'il avait toujours critiqué "ceux qui se laissaient avoir" "qu'ils étaient c...", et alors que je traversais l'épreuve d'un cancer. Sa justification : "tu n'as jamais fumé alors tu vois bien ça ne sert à rien !!" et toc, prends ça dans les gencives !! Quatre ans après, toujours accro même s'il essaie de restreindre sa consommation... Je crois qu'il n'y a pas de "raisons" mais beaucoup de chance ! Pourquoi n'ai-je jamais fumé ? J'ai trouvé cela infect... j'avais douze ans... les amies ce jour-là avec moi ont plongé la tête la première... On achève bien les chevaux (Merci l'industrie du tabac !!)...
Bien vu André le cheval... de fer ! Je crois que c'est à partir de cette invention "infernale" que tout est allé de plus en plus vite (autre conversation) !!
Bonne journée !! Chouette, atelier cet am !!

Merci Catherine de mettre ton grain de sel dans la conversation, ta contribution est intéressante.
Pour la cigarette la cause est entendue elle tue et l'industrie du tabac met tout son talent!à renforcer l'addiction de sorte que en un mois tu deviens accroc à vie...
Pour l'alcool il faut un an pour devenir addicte...
On peut pratiquer les deux, c'est la liberté.....
Après à 15 ans il y a toujours un couillon (dans mon cas un oncle) qui vient te dire que si tu avales pas la fumée t'es pas un homme!!!
ou alors on te dit que si tu tiens pas l'alcool t'es pas un homme...
et je fais l'impasse sur la drogue, c'est pire...
Je prends bien en compte les suggestions de Franck et vous souhaite un excellent atelier pour cet après midi.