Bon, pour une fois, c'est moi qui dégaine la première!
A bientôt de vous lire aussi, vendredi au plus tard,
Cathy.
Rencontre du troisième genre
Harry se promène seul le long de la jetée. Il a essayé, une partie de la matinée, ses nouveaux sortilèges mais n’a pu en réussir aucun. Il y a des jours comme ça où tout va de travers, inutile d’insister. Il flâne au bord de l’eau, elle est toute trouble et une puanteur terrible s’en dégage !
Pouah, quelle horreur ! Normalement, la mer, ça sent l’iode, le grand large mais là, des odeurs d’huile, de mazout lui parviennent, une véritable infection !
Il aperçoit au loin un bateau, un pétrolier qui doit être en train de vidanger ses soutes, toutes ces cuves salies de pétrole que la mer va lui nettoyer gratuitement ! Voilà comment les hommes remercient la nature qui les environne et les aide à vivre !
Il soupire, sa magie n’est pas encore assez puissante pour combattre les mauvaises actions des Moldus.
Il continue sa promenade et se retrouve sur une plage de petits galets blancs ; il marche sur des herbes de Posidonie, c’est comme un tapis doux et élastique sous ses pieds. Mais il aperçoit aussi de vieilles bouteilles en plastique, des tongs dépareillées, des bouts de ferraille rouillés, tout ce que les Moldus jettent à la mer et qu’elle s’empresse de leur rendre ; elle n’en veut pas de ces saletés !
Il s’assied sur un rocher contre lequel clapotent de petites vagues et agite sa baguette pour reprendre son entraînement. Pourquoi ne pas essayer le sortilège de l’eau puisqu’il se trouve au bord de la mer ? C’est comment déjà ? « - Concentre-toi, vieux, tu vas y arriver » se persuade-t-il. « Aquamenta ?aquabonista ? Il fait plusieurs tentatives et soudain, un puissant jet d’eau apparaît au bout de sa baguette ! Ça y est ! Il a réussi !
Mais quand le jet d’eau perd de son intensité, il distingue une tête aux cheveux graisseux à moitié immergée. Elle le regarde avec colère :
« - Qu’est-ce que tu veux ?, aboie-t-elle d’une voix éraillée.
- Moi, heu, rien, je faisais juste mes exercices…Mais toi, qui es-tu ?
- Comment, qui je suis ? Mais une sirène, tu es aveugle ou quoi ? »
Il est vrai qu’avec ses cheveux gluant de pétrole, son visage plein de boutons et la voix de quelqu’un qui a fumé dix paquets de cigarettes d’affilée, il a du mal à la reconnaître !
Mais il n’ose rien dire car il sait que les chants ensorcelants des sirènes attirent les hommes au plus profond de l’eau et on ne les revoit jamais plus ; quoiqu’avec la voix qu’elle a, celle-là, il ne risque peut-être pas grand-chose !
Elle a dû lire dans ses pensées parce qu’elle lui dit alors :
« - C’est sûr qu’on a bien changé, maintenant, tu vois un peu ce qu’on est devenues ?
Nous qui étions les Reines des mers, regarde ce que la mer d’aujourd’hui a fait de nous : des laiderons aux cordes vocales inutilisables. On est en train de disparaître et ça n’a d’importance pour personne ! »
Des larmes roulent sur ses joues et vont rejoindre l’eau sale qui l’entoure.
Harry la regarde : elle a perdu toute sa morgue et semble fragile tout à coup. Il a envie de l’aider.
« - Tu sais, je suis à l’école des sorciers, j’apprends à devenir magicien. Je peux t’aider peut-être à retrouver ton ancienne apparence ou tout au moins ta voix. Je connais un sortilège, le « Sonorusphonia » qui agit sur la gorge. Mais je suis encore débutant, tu me laisserais essayer ?
- Qu’est-ce que j’ai à perdre de toute façon ? Même si tu me rends aphone, ça ne pourra pas être pire ! »
Elle soupire bruyamment et même son soupir est affreux.
Il se lève, se concentre sur la gorge de la sirène et commence son incantation. Sa voix tremble légèrement tout comme sa baguette. Il s’embrouille un peu dans les mots. La sirène s’est dressée, les reflets du soleil sur ses écailles éblouissent Harry. Pour le coup, sa baguette s’abaisse au moment où sa voix se raffermit quand il répète sa formule.
Pendant quelques instants, rien ne se passe. Puis, il voit la sirène sortir de l’eau trouble, métamorphosée : d’une beauté à couper le souffle, une chevelure magnifique, des yeux brillants, un sourire charmeur et …des jambes humaines ! Oh, la, la qu’a-t-il fait ?
Elle ouvre la bouche et d’une voix douce d’où a disparu toute agressivité, elle lui dit :
« - Tu sais, autrefois, si on était si belles, c’est parce qu’un magicien nous avaient ensorcelées ; il nous obligeait à entraîner au fond de l’eau les plus beaux des hommes. Il voulait qu’on élimine ceux qui pouvaient rivaliser avec lui vu qu’il n’était pas un beau gosse. On n’avait pas le choix. Grâce à ta magie, qui paraît plus pure, on est à nouveau belles mais débarrassées du mauvais sort. On sera désormais les gardiennes des eaux. Notre rôle sera de montrer aux humains comment prendre soin de la mer, des océans, des rivières…
Merci Harry, continue à apprendre, tu feras un excellent sorcier ! »
Voilà pourquoi en ce monde, si les femmes sont plus nombreuses que les hommes, c’est que parmi elles, évoluent incognito des sirènes. Comment peut-on les reconnaître ?
Dans leurs yeux, elles ont gardé l’éclat qui rendait leurs écailles si brillantes autrefois.
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