La princesse au petit pois revisitée par Muriel M.
Une vraie, je veux, une vraie !
Une jeune fille bien née
Avec véritable pédigrée
Année 1620, celle des W
Ainsi couinait dans ces contrées
Un prince qui ses parents commençait à lasser
Un Tanguy notre vie allons garder !
Soupiraient-ils, excédés.
A la ville ce désir princier
Chacune le connaissait
Et moult tricheuses paradaient.
Des Willelmine, vraiment, il en pleuvait
Les Wonda, pour leur part, fleurissaient
Fardées, parées, harnachées.
Artistement coiffées.
Leurs 20 ans plus ou moins bien portaient.
Mais le prince s’en était retourné :
Aucune ne lui plaisait, quelle pitié
Le temps passait, il renonçait
Et ses parents résignés, se tassaient.
Un soir de pluie, c’était en mai
Devant sa soupe la trinité râlait.
A la porte on entendit toquer
Et entra une jeune beauté.
Demandant pour la nuit l’hospitalité
Celle-ci ne lui fut pas refusée.
A la table elle fut conviée
Et fit honneur à la potée.
La soirée fut plus animée
Qu’à la morose accoutumée.
Le prince et monsieur père roucoulaient
Madame mère les plats ramassait.
Winny, ainsi se nommait la jeune invitée,
Dans la forêt s’était égarée.
Aux branches d’un arbre avait prestement grimpé
Et la lumière du logis avait remarqué.
20 légers printemps elle comptait
Et en qualité de princesse s’annonçait.
On peut s’en douter :
Cette information dans la liesse se recevait.
Le roi père par l’affaire se laissa porter
Et à madame mère l’expertise fut confiée.
Comment d’une intrigante une princesse distinguer ?
La finesse de la peau bien sûr il fallait tester !
Elle eut l’idée d’un petit pois déposer
Sous le matelas de la nouvelle arrivée.
Mais comme il ne fallait rien risquer
Vingt matelas fit empiler.
Reine de façon certaine elle-même était
Mais les sensations lors du test avaient échoué.
Elle s’en trouvait fort vexée et râlait
Que c’était l’âge qu’il fallait incriminer !
Elle jeta un œil mauvais
Sur la nouvelle protégée.
Sa fine taille et son court nez
N’avaient pas fini de la faire enrager !
Les deux hommes de mille grâces rivalisaient
Ca faisait du bien un minois frais
- Mon excellent cognac vous voudrez bien goûter ?
-Un petit jeu de cartes, belle invitée ?
Auprès d’eux Winny gravement s’ennuyait
Mais vaillamment s’efforçait de le cacher
Car c’était mieux que sous la pluie retourner
Rapidement toutefois, de ces hôtes elle prit congé.
Bien perplexe se retrouva au coucher.
Vingt matelas ! Quelle étrange idée !
A ce point la place Manquait
Pour pareille matelasse entasser ?
L’escalade pourtant l’avait bien amusée.
Plusieurs fois elle avait donc crapahuté
Et quelquefois la gueule s’était cassée.
Moult bleus et hématomes en résultaient.
Alors qu’elle en était encore à chercher
Une excuse pour être ainsi tuméfiée
Elle resta fort étonnée
De l’accueil au matin qui l’attendait.
« C’est une vraie, c’est une vraie ! »
Criaient-t-ils tous trois comme des orfraies
- Ma princesse enfin est trouvée !
Sanglotait le prince comme un bébé.
- Mon fils va pouvoir les lieux quitter !
Pensait le vieux roi égayé
- la concurrence va commencer !
Grommelait la reine agacée.
Winny fut par la panique gagnée
Mais ils sont tous fous à lier !
Il me faut loin de là me sauver !
Rester ici, jamais !
Je ne peux encore assumer
A ce prix une vie rangée
Plutôt vie de loup mouillé
Que de chien repu et adulé.
L’ami Ricoré et hop ! vite la forêt !