Atelier d'écriture du Pont du Las
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Atelier d'écriture du Pont du Las

Cet atelier est animé par Franck Schmid à la médiathèque du Pont du Las à Toulon.
 
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 Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq

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3 participants
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BRUNO

BRUNO


Messages : 50
Date d'inscription : 09/02/2014
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MessageSujet: Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq   Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq EmptyDim 9 Fév - 15:08

Salut amis scribouilleurs. Je vous envoie une version que je considère comme quasi définitive. J'ai besoin de vos avis particulièrement pour la fin. Est ce que cela fonctionne ?
A bientôt.
Bruno

Mais qu'est ce qu'elle fout bordel ? 15H00. Pour la dixième fois il scruta l'horizon au travers de la baie vitrée. La crispation dessina de nouvelles rides au coin de ses yeux bleus. Les traces de ski tranchaient par le milieu le champ de neige devant le chalet et s'enfonçaient comme des lances dans le bois de mélèze. Le soleil déclinait si vite à cette altitude... De part et d'autres de la vallée, les falaises de basalte se dressaient comme des sentinelles sinistres et étendaient déjà leur ombre glaciale.
A quelle heure était-elle sortie ? Il s'était assoupi après le déjeuner comme il lui arrivait quelquefois et se souvenait avoir entendu la porte grincer désagréablement. Il songea qu'il faudrait donner des instructions à Quentin pour que cette maison soit mieux entretenue.
Natacha était jeune, à peine 25 ans, et en excellente condition physique. Elle avait été monitrice de ski. Native du bourg voisin, elle connaissait les environs comme sa poche. Il détestait qu'elle s'aventure seule ainsi en montagne à ski de fond, mais rechignait à l'accompagner. La surcharge pondérale accumulée au fil des repas trop riches dans les restaurants, le gênait.
Il alluma le talkie-walkie, l'oreille collée au haut-parleur. L'appareil crépita. Rien. Dans ce bled ils n'avaient d'autres solution que de communiquer par VHF. Pas de réseau ni d'internet, les téléphones portables étaient inutilisables. Il pesta contre l'isolement de cette bâtisse.
Perchée, au fond d'une vallée en cul de sac, on n'y accédait qu'en 4 x 4, et encore difficilement. Le chasse neige passait tous les deux jours, en même temps que Quentin, le garçon du bourg qui gardait le chalet en leur absence et les ravitaillait en produit frais et plats préparés.
à près de soixante-cinq ans, directeur d'une banque d'investissement, il avait cédé à ce caprice de la jeune femme et fait réaménager cette ancienne ferme savoyarde, avec tout le confort moderne : 200m2, piscine intérieure, jacuzzi, immenses cheminées plus décoratives qu'utilitaires. Cela lui avait couté une fortune, mais il avait toujours eu des difficultés à dire non aux femmes. Sa première épouse, déjà, avait voulu un pied-à-terre aux Seychelles qui s'était avéré infiniment couteux...
à force de les fixer, les traces parallèles des skis lui semblaient clignoter dans la lumière déclinante. L'émetteur grésilla : « André ?... (parasites)... Tu me reçois ? » Légèrement tremblant, il répondit : « Cinq-sur-cinq. Où es tu ? » Nouveaux grésillements, le silence, puis : « ...suis tombée... ... suis fait une entorse... viens me chercher ... le skidoo, et... » Un concert de crachotements l'interrompit net. « Nat ! Où es-tu ? » Il renouvela ces appels une dizaine de fois. Le talkie restait muet. Dans la tiédeur du chalet le silence s'installa. Il jeta un regard au dehors; les rainures dans la neige pointaient vers le chemin du col. Il n'était pas tard mais prendre le 4x4 et dénicher de l'aide lui prendrait au moins 2h. Ensuite il ferait nuit et... « Non, ridicule ! Je vais suivre les traces. Je la trouverai et la ramènerai avec le scooter des neige... Dans moins d'une heure elle sera bien au chaud au coin du feu ! Dans les bras de son sauveur...» Il vérifia qu'elle avait bien pris son sac contenant l'équipement complet de survie en montagne. « Ouf ! Au moins pourra-t-elle s'abriter du froid en m'attendant... »
Il enfila à la hâte un solide blouson et des bottes et sortit. L'engin démarra au quart de tour. C'était un modèle de luxe, puissant et confortable, qu'il avait fait venir du Canada. Il traversa lentement le champ, laissant chauffer le moteur. Le casque, visière baissée, le protégeait parfaitement de l'air vif. La piste se dessinait, sans bavures, en deux lignes profondes d'une quinzaine de centimètres avec de part et d'autres les marques des bâtons.
Le chemin montait vers le sommet de la montagne. Une fois dans le tunnel de mélèzes, il accéléra. Jeune, il adorait les sports motorisés jusqu'à ce que son père le contraigne à suivre des études dans la finance. Au guidon de cette machine, il se surprenait à redécouvrir des sensations qu'il croyait oubliées. Il enchaina quelques zigzag, coupant en longues ondulations la piste de Nat, dessinant une chaine de dollars dans la neige vierge. Il songea qu'au fond, ici aussi, il fabriquait ce qu'il savait le mieux faire, des dollars !
Imperceptiblement le chemin se rétrécissait, les courbes se faisaient plus serrées, la pente s'accentuait. Il ralentit et jeta un œil sur le tableau de bord. 15h35. « Fichtre ! Où était-elle donc passée ? Pourquoi s'aventurer si loin ? » Les traces de skis le guidaient toujours, seuls témoignages de présence humaine dans ce parc naturel. Quelles complications d'ailleurs pour qu'on l'autorise à retaper cette ferme dans cette vallée ! Heureusement que son ami Marciac, le député, était intervenu en sa faveur.
Les arbres se rapprochaient maintenant de la piste, l'obligeant à ralentir. Le talkie vibra dans sa poche de poitrine.
En enlevant ses gants et son casque, il sentit le froid mordre sa peau. Le thermomètre indiquait -5°C. Il réalisa qu'il avait oublié le kit main libre au chalet et qu'il aurait pu le brancher sur le casque intégral... « Nat ? Tu me reçois ? » La vapeur d'eau s'échappait de sa bouche en longs panaches et venait embuer l'écran mauve de l'émetteur. Rien. L'appareil restait obstinément coi. Il eut un soupir agacé.
Elle ne doit plus être bien loin. Alors qu'il essayait d'évaluer la distance parcourue, il se souvint que la motoneige était équipée d'un GPS : 11,6 kms ! Déjà ! Il se promit de la sermonner. « On n'a pas idée ! Partir seule, si loin ! Dans l'après-midi ! Et par ce froid... »
La sente s'enfonçait encore dans la forêt et se scinda en deux. Celle qui descendait vers la droite portait la signature de Natacha. Il continua, râlant sur l'étroitesse du passage; ça et là des branches lui fouettaient maintenant les épaules et il dut réduire encore l'allure. Il plissa les yeux. La couverture végétale masquait le ciel, dissimulant les nuages bas. Il alluma les phares, les traces de ski apparurent plus nettes. Traversant une clairière, il crut distinguer une ombre entre les troncs noirâtres et pila. « Natacha ! C'est toi ! » Il écarquilla les yeux à la recherche d'un signe de vie dans l'entrelacs des conifères. La température avait encore chuté : -8°C. «  Je suis ridicule, la piste se poursuit ; elle ne peut être que devant. » Il poussa la moto dans la trouée à peine assez large. La stimulation du début avait disparu et il avait hâte de faire demi-tour et de mettre sa compagne à l'abri. Il progressa encore une centaine de mètres avant d'être contraint de stopper sa machine : impossible de passer autrement qu'à ski ou à pieds. Il réfléchit. Sous la selle se trouvait une paire de raquettes à neige et une puissante lampe torche. « Je ne vais tout de même pas faire demi-tour maintenant. J'y suis presque, je le sens ! »
Quelques minutes de progression dans la poudreuse suffirent à le mettre en nage et au bord du malaise. A plusieurs reprises, il dut s'adosser à une souche pour reprendre son souffle. Après environ 500 mètres la forêt s'interrompit. Le faisceau bleuté découvrit une butte, vierge de toute végétation. La nuit tombait et avec elle quelques flocons épars. Il eut soif. La sueur qui imbibait son tee-shirt se refroidissait. Un frisson lui traversa le dos. « Natacha ! » cria-t-il aussi fort que possible. Il avança sur le mamelon et s'arrêta net, stupéfait. Une empreinte en creux, irrégulière témoignait d'une chute. Juste derrière s'ouvrait un abime insondable. Il eut comme un vertige. Il promena sa torche en contrebas. Il se trouvait au bord d'un précipice, à pic presque parfait dont le fond se refusait à sa vue.
« Mon dieu ! Natacha ! » Il l'appela, plusieurs fois, désespéré. Seul l'écho lui répondit. En longeant le bord du gouffre il fit quelques tentatives de contact avec le poste VHF sans plus de résultat.
« Du calme ! » Il tremblait, choqué par le tragique de la situation. « Descendre ici en pleine nuit ? Impossible ! Je dois aller chercher des secours ! Il est peut-être encore temps ! » Il rebroussa chemin et partit ventre à terre, insensible à l'air glacé déchirant ses poumons en feu. Le sang battait à ses tempes, un voile rouge dansait devant ses yeux. Il fut bientôt au skidoo. Il faisait nuit noire et une neige tenace tombait sans discontinuer, recouvrant toutes traces sur le sol. « Les clefs ? » Laisser les clefs sur le contact faisait partie des consignes de sécurité en montagne. Dans la précipitation il les aura enlevées par mégarde. Fébrile, il retourna ses poches. « Rien ! J'ai dû les faire tomber en sortant le talkie tout à l'heure. » Il éclata en sanglot, soudain épuisé, incertain. Il fut horrifié en découvrant son reflet dans le rétroviseur : de profondes cernes, le teint grisâtre... Un terrible frisson ébranla tout son corps et la soif le reprit, impitoyable. « Retrouver les clefs, je dois les retrouver... » Il repartit en direction des falaises, titubant. Ses jambes se dérobaient, les raquettes pesaient des tonnes et s'enfonçaient profondément transformant chaque pas en torture. Il trébucha et s'étala de tout son long. Une douleur fulgurante lui traversa la poitrine. A demi paralysé, incapable de se redresser, il roula sur le dos, le cœur battant un martèlement infernal. Il perdit connaissance, un court instant lui sembla-t-il.
Soudain, l'émetteur-récepteur s'activa. «André ? » cracha l'appareil distinctement. Incroyable ! Elle était vivante ! « Nat ? ...Tu... Tu me reçois ? » lâcha-t-il dans un sanglot. « Cinq-sur-cinq ! » répondit une voix masculine. Le visage du banquier, déjà déformé par la souffrance, parut se décomposer : « Quentin ? »
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catherine

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Messages : 92
Date d'inscription : 01/11/2013

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MessageSujet: Re: Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq   Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq EmptyLun 10 Fév - 7:42

Tout d'abord bienvenu sur ce forum !

Une chose est sûre, ça marche... J'ai commencé à comprendre qu'il y avait embrouille à partir des clefs... D'autres possibilités s'ouvraient encore au-delà donc rien de "gâché". Pour un premier texte, chapeau !!!
Je pense qu'il s'agit d'un texte pour "des traces dans la neige" ? Si oui, je me pose deux questions : est-ce la 1ère partie, sinon est-ce assez long pour la nouvelle ? Merci Franck de nous le dire.
Pour ma part, je patine en Méditerranée !!  
Bonne semaine à tous !
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Franck




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Date d'inscription : 30/10/2013
Localisation : Toulon

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MessageSujet: Re: Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq   Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq EmptyMar 11 Fév - 10:48

Bonjour.

Les conditions de la nouvelle sont de 90 caractères par ligne(comme il est dit sur la notice de la nouvelle) sur 30 lignes(après information). Sur cette base, et une fois mis en 12, le texte de Bruno fait trois pages, le minimum requis pour le concours.
Par contre, le texte n'est pas mis en forme ( dialogues à la ligne etc ...), et quand on le fait, on obtient un peu plus de quatre pages. donc, on est dans les clous.
Quant au patinage en Méditerranée, chère Catherine, je ne doute pas un seul instant que tu tiennes là un sujet en or. Quelle chance tu as !!
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catherine

catherine


Messages : 92
Date d'inscription : 01/11/2013

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MessageSujet: Re: Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq   Une version assez avancée de Cinq-sur-cinq EmptyMer 12 Fév - 6:30

Hello !
Je crois qu'au niveau des caractères, je ne sais comment j'ai fait l'autre jour mais avec les marges indiquées, on est plus sur 100 caractères par ligne que 90... Je suis décidément fâchée avec les chiffres !!
Quant au sujet, oui, il est en or mais serais-je à la hauteur de mon sujet... Il me donne le vertige, finalement !
Compte tenu de la définition de la nouvelle, j'ai changé "mon angle" depuis samedi dernier, j'espère ne pas me tromper, j'ai l'impression qu'un autre héros a pris la place du premier... Tout n'est pas encore en place, je continue à travailler !

Bonne journée !
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